Je continue ma série "Je tombe sur des choses intéressantes mais je n'ai pas grand chose à en dire".
- Vous vous souvenez de la cuisine moléculaire ? Et bien maintenant, c'est à vous de jouer ! Le site marmiton.org propose un dossier sur le sujet. En plus d'une interview d'Hervé This, il comprend des recettes vidéos, pour appliquer des principes de chimie et de physique rigoureux, en dignes héritiers de Pierre-Gilles de Gennes, pour faire du caviar à la menthe ou de la chantilly au poivron.
- L'annonce a fait grand bruit, mais j'ai du mal à y voir autre chose qu'un coup médiatique (ce n'est pas comme si Craig Venter n'en avait pas l'habitude). Une équipe du J. Craig Venter Institute a réussi à transplanter le génome d'une bactérie dans une autre. Au cours des divisions cellulaires suivantes, le nouveau génome a soit pris le dessus sur l'ancien génome, soit les deux génomes se sont séparés en deux nouvelles lignées, mais en tout cas, le génome transplanté a donné lieu à une lignée vivante de bactéries. Techniquement, je ne comprends pas ou est l'exploit, il me semble que c'est encore plus facile que les techniques de clonage maintenant bien maîtrisées : les cellules animales sont eukaryotes, et doivent être énuclées avant le clonage, ce qui n'est pas le cas pour ces bactéries prokaryotes. Je pense tout simplement que cet institut a un très bon service de presse (ce qui ne surprendra personne).
Pourquoi est-ce que j'en parle, alors ? Car cette étape s'inscrit dans un projet ambitieux de biologie synthétique (Dvanw en avait parlé ici, et moi là), visant à produire le premier organisme vivant synthétique, dont le génome serait un assemblage des 300 ou 400 gènes de bases indispensables à la vie. Un tel accomplissement apporterait des indications précieuses sur la formation des premiers être vivants, voir sur la définition même de ce qu'est la vie. Une des applications mises en avant par Venter est d'ajouter ensuite des gènes permettant de créer des bactéries consommant le dioxyde de carbone atmosphérique, et rejetant du méthane (qui pourrait servir de combustible). L'idée est belle, mais les articles dans le New York Times ne doivent pas faire oublier qu'on en est encore loin... - LE truc à la mode en physique, ce n'est pas les superconducteurs (has-been), les supercordes (pipeau) ou les nouvelles particules (un truc de geek), non, c'est le graphène. Le graphène est un état du carbone récemment découvert (enfin, créé), qui s'ajoute à, entre autres, le diamant, le graphite, le noir de fumée, etc... Il s'agit en fait d'une feuille de carbone d'un atome d'épaisseur - une autre manière de voir les choses est de dire qu'il s'agit d'un feuillet unique de graphite, une pointe de crayon lambda se composant d'un grand nombre de ces feuillets, empilés. Le graphène pose de splendides questions théoriques, par exemple on pensait qu'un tel cristal bidimensionnel ne pouvait pas exister, et ouvre de non moins appétissantes perspectives d'applications, comme dans l'électronique. Et les prises de vues au microscope électronique sont de toute beauté ! De quoi occuper quelques générations de thésards...
- Pour finir, une niouze intéressante, chez Techno-Sciences : on utilisait déjà des polymères et les surfactants (bizarrement appelés agents de surface dans l'article, ce doit être une traduction directe de l'anglais "surface agents") pour réduire la traînée des bateaux et sous-marins, voilà que s'y ajoutent les circuits de refroidissement. En effet, ces molécules tendent à rendre le flot laminaire, c'est-à-dire régulier, plutôt que chaotique et turbulent, et diminuent ainsi les frottements et la perte d'énergie. Et l'économie d'énergie sur le fonctionnement de la pompe n'est pas négligeable ! Voilà un système simple, généralisable à faible coût à un grand nombre de circuits fermés, qui pourrait faire faire de grosses économies.
5 commentaires:
Polymères et surfactants pour rendre les flux moins turbulents, encore quelque chose que l'on doit à Pierre-Gilles de Gennes, non ?
hmmm, la, je ne suis pas sur... Les polymères existaient avant de Gennes :-) Surtout, d'ailleurs, en solution, puisque son apport a surtout été dans le domaine "pur", fondu, caoutchouc et plastique. Enfin, je ne sais pas, faut regarder.
"Techniquement, je ne comprends pas ou est l'exploit, il me semble que c'est encore plus facile que les techniques de clonage maintenant bien maîtrisées"
sauf que les cellules eucaryotes - et en particulier les ovocytes -sont beaucoup beaucoup plus grosses (environ 100 microns, off the top of my head) que les bactéries (E. coli 0.5 x 2 microns), dont la taille impose tout un tas de contraintes expérimentales. Par exemple, il a fallu attendre la fin des années 90 (ou 2000-2001? ma mémoire me joue des tours) pour voir de l'immunofluorescence avec des bactéries (E. coli ou B. subtilis).
Pour en revenir à la manip de Venter, la transformation était le seul moyen de faire entrer le génôme de la bactérie doneuse dans la bactérie receveuse. Techniquement, c'est très fort, puisqu'un génome bactérien fait typiquement autour de 6 Mb et que les molécules les plus grosses transformées dans des bactéries devaient faire environ 300 kb, soit 20 fois moins!
J'espère ne pas trop dire de bêtises; j'écris à la va-vite de mémoire sans avoir le temps de vérifier mes données. Si j'ai le temps, je lirai l'article de Venter dans Science.
ok je comprends mieux ou est la prouesse - mais il ne me semble pas que cela merite tous ces articles dans la presse, ca reste des procedes classiques. Quand ils produiront les premieres bacteries synthetiques depollueuse ou productrices de methane, on en reparlera...
Tout à fait d'accord sur ce point. Ceci dit, il faudrait voir ce qu'il y a vraiment dans l'article de Science. Je n'ai eu le temps que d'en lire la première page.
btw, une transfo de 600Mb dans une bactérie un procédé classique, tu pousses un peu là ;-)))
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