Penseur

jeudi, août 16, 2007

Quand l'erreur est plus vraie que la vérité

Apres avoir vu que les galaxies et les gouttes d'eau, finalement, ont quelques points communs, continuons dans les curiosites liquides. Un article de BBC news raconte comment les codeurs de Pixar et Dreamworks ont étudié pour les films d'animation Ratatouille et Drôle d'Abeille le mouvement du miel, des blancs d'oeufs, de la pâte à pain, ...

Ainsi, pour représenter au mieux l'écoulement du miel, les graphistes de Dreamworks ne se sont pas contenté d'augmenter le paramètre "viscosité" dans le modèle d'écoulement fluide, car le résultat n'était pas satisfaisant. Ils sont allés beaucoup plus loin, étudiant puis implémentant des modèles physiques évolués : fluide à seuil ("Honey tends to retain its structure, it tends to keep that but eventually transitions to something more liquidy-like."), viscoélasticité ("The solution to getting honey-like movement was adding separate elastic forces to the fluid simulation").

Seul problème : le miel n'est ni un fluide à seuil, ni viscoélastique. C'est au contraire un exemple classique de fluide purement visqueux, parfaitement Newtonien (c'est-à-dire de viscosité constante quelle que soit l'expérience).

En d'autres termes, Dreamworks a ajouté des propriétés fausses pour mieux rendre l'impression du vrai.

Je vous laisse tirer la morale que vous voudrez de cette histoire. Le blog sera en pause la semaine prochaine - une semaine de séminaire que je vais essayer de transformer autant que faire se peut en semaine de vacances.

PS : Pixar s'en tire à bon compte. La pâte à pain (un gel de gluten piégant des bulles d'air et des boulettes d'amidon) et les blancs d'oeufs (un réseau de protéines en interaction) sont effectivement très élastiques.

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mercredi, août 15, 2007

Comment "vendre" sa recherche - petit jeu de l'été (avec solution)

L'été, les magazines remplacent les journaux, les jeux de plages remplacent les livres de cours. Et donc, en toute logique, je vous propose un petit jeu à la place d'un billet rébarbatif.

Il est important de savoir vendre sa recherche, n'est-ce pas, que ce soit pour gagner des financements ou pour gagner de la reconnaissance parmi ses pairs. C'est le genre de compétence que les chercheurs américains ont poussé jusqu'à l'excellence - ce n'est pas pour rien que leurs labos sont ridiculously rich, c'est parce que le directeur du labo passe son temps à démarcher des entreprises ou à rédiger des demandes de grants. Et la blague qui court, c'est que la meilleure technique pour décrocher la timballe est lier, d'une façon ou d'une autre, sa recherche à la maladie d'Alzheimer, au cancer, ou à la War on Terror.

Mais tout ça, c'est du passé. Des chercheurs européens ont fait sauté les limites de la phrase d'accroche la plus capillotractée.

[...] these studies are motivated by practical questions and applications.
Among them, illustrated below, one can mention : understanding and explaining the
large-scale structure of the universe and the support of galaxies clusters [...]

La question du jour : quel est le sujet de la recherche en question ?


Indice : Par demande de luxtin, voilà un indice. L'image ci-contre est celle sur laquelle les chercheurs basent leur phrase d'accroche. Il s'agit d'une image du Smithonian Center for Astrophysics d'Harvard, et chaque point blanc est une galaxie. Je ne sais pas s'il s'agit d'une vue d'artiste, d'une simulation ou d'une image obtenue à partir de données expérimentales, mais c'est en tout cas impressionant.

Voilà, avec cela je suis sur que vous allez trouver, vous étiez déjà très forts sans indices !

Deuxième indice : Voilà les autres champs d'applications que les auteurs mentionnent.

Diesel engine technology, manufacturing, agricultural sewage and irrigation, powder technology, ink jet printing, or DNA sampling and nuclear fission.

Comme vous voyez, c'est très large ! Si vous ne trouvez pas avec ça, je donnerai la réponse.

Solution : c'est ici. Alors, évident a posteriori ? Impossible à trouver ? En tout cas je trouve que pas mal de réponses étaient étonnament proches, pour ma part je ne pense pas que j'aurais trouvé. Faire la connexion entre la formation d'amas de galaxie et ça, tout de même, faut oser. Mais c'est assez intriguant, donc ça fonctionne !

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dimanche, août 12, 2007

Les nanotechnologies sur Rue89

Rue89, un site d'information qu'il est bien.

Echappant à l'inculture assumée qui se déguise habituellement sous le nom de "principe de précaution", Rue89 a mis en ligne une lettre du Dr Mark Wiesner, de la Duke University, qui repondait à une personne inquiète des dangers potentiels des nanotechnologies, ainsi qu'un article de commentaire de sa femme ou fille, Hélène Crié-Wiesner.

Je vous encourage à lire cette lettre, qui recadre le sujet des nanotechnologies (qui englobent aussi bien les nanorobots phantasmés que les matériaux nanostructurés ou les suspensions fines du types peinture, ou les aérosols type fumée). Sans psychose ni angélisme, il explique simplement et efficacement qu'il faut étudier la dangerosité de chaque nanomatériau avant de le mettre en contact avec le public, et que les plus exposés aux dangers potentiels sont encore les scientifiques qui travaillent sur le sujet. J'ajouterais que le problème se pose exactement de la même façon avec les produits chimiques et - dans une moindre mesure - les OGMs.

Extrait :

Mais chaque nanomatériau sera différent, et ce n’est pas simplement parce que c’est petit que ça va présenter un danger. En d’autres termes, ce n’est pas parce que quelque chose est vert ou rouge que c’est dangereux ou inoffensif. Pourtant, quand des gens (y compris des chercheurs) essaient de simplifier la question en prétendant que tous les petits objets présentent un risque, c’est comme si ils disaient que toutes les trucs verts sont dangereux. Certains nanomatériaux sont probablement inoffensifs, d’autres probablement dangereux.

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