J'ai pris connaissance récemment d'un débat qui pose la question intéressante d'un trade-off entre le contrôle accru des agences sanitaires des médicaments avant leur mise sur le marché et la mise à disposition rapide de ces nouveaux médicaments.
Les scandales liés à des médicaments aux effets secondaires dangereux insuffisament étudiés sont nombreux : Avandia et Ketek récemment, Prozac en 2005, Vioxx en 2004. Ces antidépresseurs, anti-inflammatoires, ou encore anti maladies cardiovasculaires, aux effets secondaires potentiellement dangereux, sont passés au travers des mailles du filet des agences sanitaires, FDA (Food and Drugs administration) en tête. Et ce, malgré, ou plutôt à cause de, leur large diffusion prévisible.
Le docteur Rosen, un ancien membre d'un panel de conseil auprès de la FDA, appelle maintenant à des tests plus rigoureux. Vous pouvez lire à ce propos un article du Boston Globe. L'enjeu ici est double : il faut que les tests soient efficaces, pour déterminer la dangerosité d'un produit, mais sans trop retarder la mise sur le marché des médicaments bénéfiques, qui est déjà un processus très long.
Les critiques de la FDA pensent qu'elle utilise des tests aux standards trop faibles ou à l'objectif trop limité (par exemple être capable de reduire à cours terme le taux de sucre des diabétiques, sans s'intéresser aux effets à long terme, qu'ils soient positifs ou négatifs), sur un nombre trop limité de patients, et sans tester des combinaisons avec d'autres médicaments, pour gagner du temps.
D'un autre côté, si les nouveaux tests doublent le nombre de testeurs nécessaires et augmente de moitié la durée des tests, le développement de nouveaux médicaments ne sera pas seulement ralenti, mais inhibé. Et, souvenez-vous, il est déjà difficile de développer certains produits pourtant prometteurs...
Il n'y a pas de réponse évidente à cette question. Un certain compromis être les deux tendances peut être trouvé, mais il serait préférable d'affiner les critères en fonction des types de médicaments, en étant capable de dire à l'avance quels types de médicaments posent plus de risques. Ce type d'études du risque, se basant principalement sur la complexité des problèmes (par exemple, s'attaquer à un ulcère d'estomac est un problème localisé alors que changer la concentration d'une hormone dans l'organisme peut avoir des effets en cascade imprévus), se développe peu à peu. Il pourrait épargner beaucoup de temps et d'argent, à consacrer ensuite à des tests plus poussés là où il y en a besoin.
3 commentaires:
Allez, juste une petite remarque sur le texte: "mais sans trop délayer la mise sur le marché ", ça fait très cuisine :-D Plutôt que de délayer avec du lait, on peut la retarder, tout simplement ;-)
Bon plus sérieusement, avec des molécules de plus en plus complexes, voire avec des cocktails de molécules complexes, est-ce qu'on ne se dirige pas vers une opposition entre pression de mise sur le marché rapide et nécessité de passer encore plus de temps à faire les tests fondamentaux, quand bien même on déciderait de reporter les tests secondaires à après l'AMM? Il va y avoir un choix à faire, entre sauver des vies plus vite et ne pas laisser croître trop fort le risque d'avoir une forte proportion de nouveaux médicaments dangereux.
argh ! salete d'expressions anglaises !
pour le reste : c'est bien le probleme que je souleve. Je n'ai pas plus de reponses que ca...
pas forcément d'accord avec tout le post ;-), mais je n'ai pas le temps (pour le moment) de faire un commentaire plus long... I'll be back!
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