Mais qu’est-ce qu’un aérogel, me direz-vous ?
Déjà, première étape, qu’est-ce qu’un gel ? Cet état de la matière, ni vraiment solide, ni vraiment liquide, mais intermédiaire entre les deux, s’obtient quand des chaînes connectées s’étendent d’un bout à l’autre d’un liquide. Ces chaînes peuvent être aussi bien des molécules, qui forment de longues chaînes appelées polymères, que des assemblages électrostatiques de particules chargées, comme dans le cas des argiles. Durant la réaction de polymérisation, ou durant le processus d’assemblage électrostatique, il arrive un moment, appelé point de gélation, où les chaînes sont assez grandes pour relier les bords du récipient contenant le liquide. C’est le moment où le liquide « prend en masse », où sa viscosité et son élasticité montent en flèche, où on peut le manipuler comme un solide. Les gels pour cheveux, la gelée de groseille, ou la gélatine, sont de bons exemples.
Certains scientifiques un peu barges (des californiens, donc), ont tenté dans les années 30 de retirer l’eau des gels, ce qui n’est pas une mince affaire puisque le liquide peut représenter jusqu’à 99,8% du volume du gel. La motivation de départ était un pari (les paris débiles et alcoolisés font tourner le monde, je l’ai toujours dit), celui de retirer toute l’eau d’une confiture sans diminution de volume. Je vous passe les détails techniques, mais il se trouve que simplement chauffer l’eau pour la faire évaporer créé des interfaces vapeur d’eau/eau liquide, à la surface desquelles s’exerce une force appelée tension de surface. La force cumulée de toutes ces interfaces est largement suffisante pour faire s’écrouler tout l’édifice du gel.
L’astuce est de remplacer l’eau par du dioxyde du carbone liquide, sous pression, puis de le faire évaporer. Dans certaines conditions, il s’évapore de façon continue, sans interface liquide/vapeur. Ce qui reste est un aérogel, une délicate architecture de fines chaînes se soutenant l’une et l’autre.
Les aérogels sont les solides les moins denses que l’on connaisse : leur densité peut être aussi faible que cinq fois celle de l’air. Ils sont aussi les meilleurs isolants thermiques, ce dont témoignent ces quelques images. En effet, leur structure très particulière ne permet aucun transfert de chaleur à distance, ni par conduction ni par convection.
Enfin, leur nature solide ne fait aucun doute, puisqu’ils peuvent supporter des briques 2000 fois plus lourdes ! Par contre, ils sont immensément friables, et ne résistent pas aux chocs. C’est cette dernière propriété qui est exploitée par Stardust : la moindre poussière cosmique voyageant un peu rapidement s’y enfonce.
[1] L’équivalent de « à l’air libre », mais dans l’espace.
2 commentaires:
Il fallait y penser! Très joli
non seulement très joli, mais aussi étonnantes propriétés. Je n'ai toujours pas compris comment de fins traits de verre pouvaient soutenir cette énorme brique...
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