Penseur

lundi, juillet 28, 2008

L'erreur du vieillissement

Et si le vieillissement n'etait qu'une erreur de l'evolution ?

Je me souviens avoir lu cette idee pour la premiere fois sous la plume de Richard Dawkins (dont j'avais deja parle a une epoque). L'idee est que les genes, egoistes comme de bien entendu, sont selectionnes par l'evolution pour leur capacite a se perpetuer dans la descendance des individus qui les portent, mais pas specialement pour leur capacite a maintenir lesdits individus en bonne sante. Bien entendu, la pression de l'environnement fait que les genes choisis ont tendance a rendre les individus bien portants et bien adaptes jusqu'a leur reproduction, voire jusqu'a ce que les descendants soient prets a affronter le monde avec de bonnes chances de survie, mais cela ne dit rien sur la fin de la vie. Un gene qui aurait tendance a ameliorer l'activite des individus dans leur jeunesse, au detriment de leur esperance de vie pourrait meme etre selectionne ! On peut imaginer, par exemple, que bruler trop vite des reserves d'energie, ou ne pas consacrer trop d'energie a la reparation des problemes du corps, puisse ameliorer les chances de reproduction de l'individu.

Cela s'oppose, de fait, a la vision classique dans laquelle les stress de l'environnement (oxydations, chocs, mutations, ...) s'accumulent au cours de la vie, jusqu'a devenir trop grands pour les capacites de recuperation de l'organisme. Cette vue classique est montree par de nombreuses etudes et sert de base a un certain nombre de produits anti-vieillissement.

Pourtant, une etude publiee dans Cell (via Technology Review) montre chez les vers nematodes un interessant mecanisme qui se rapproche de la vision genetique du vieillissement. Les chercheurs ont identifie des genes dont l'expression changeait avec l'age, et ont d'abord montre que ce changement n'etait pas lie aux stress externes possibles. Ils ont ensuite fait en sorte de modifier l'activite de ces genes pour reproduire leur activite "jeune", et ont constate une augmentation de la duree de vie des vers.

Ainsi, et meme si l'article de Technology Review met en garde contre les extrapolations trop rapides aux humains, une nouvelle piste dans la lutte contre les effets du vieillissement est ouverte.
Ajout du 29/07 : Coincidence sur la blogosphere scientifique francaise, Tom Roud a assiste a une conference precisement sur le sujet et nous en fait un compte-rendu detaille.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressante convergence dans l'univers des blogs scientifiques : j'ai publié un billet sur le vieillissement de C. elegans ce matin même ;) .

Matthieu a dit…

Effectivement, tu as raison, c'est une belle coincidence. J'ai mis un lien vers ton billet. D'autant que tu donnes aussi de bons conseils alimentaires !

keru a dit…

Une très grande durée de vie limiterai grandement notre évolution non ?

Matthieu a dit…

Non, car la seule chose qui compte est le rythme de reproduction (mais la competition pour les ressources serait accrue).

De toute facon pourquoi cela serait-il un probleme ? La selection naturelle ne pousse pas a optimiser notre espece sur le long terme. En realite, seuls les genes qui se "reproduisent" le mieux sont favorises, point, il n'y a pas de point de vue superieur pour dire que l'evolution est une bonne chose.

De ce point de vue les mutations et l'evolution sont de mauvaises choses. Si les genes pouvaient choisir ils prefereraient ne pas muter ! On pourrait dire que la selection naturelle combat l'evolution :-)

Anonyme a dit…

Tiens c'est amusant je découvre seulement maintenant votre article alors que j'ai terminé la semaine dernière un livre parlant du vieillissement et de ses causes génétiques. Il faut que je remette la main dessus pour faire un commentaire plus intéressant (là, c'est un teaser ;o) )

Anonyme a dit…

Ah voilà. Alors en version courte parce que je ne suis pas expert, le vieillissement s'explique notamment à cause du processus de renouvellement des cellules. Elles le font par copie les unes des autres. Mais la copie de la première n'est pas d'aussi bonne qualité. Petit à petit le processus fait que les cellules créées sont moins bien fichues, moins efficaces.

Des travaux approfondis sur les télomères (hop : http://fr.wikipedia.org/wiki/Télomère) ont montrées qu'en travaillant sur ces bouts de chromosomes il était possible d'obtenir des résultats remarquables de décélération du vieillissement. Des expériences menées notamment sur des petits vers censés vivre quelques mois seulement ont abouti à des durées de vie supérieures à un an après une action sur leurs télomères.

Sinon le bouquin d'où j'ai sorti ça c'est "Le nouveau voyage d'Hector" et ce n'est pas un bouquin qui traite spécifiquement de science, donc ne vous ruez pas forcément dessus (mais si vous avez des soucis philosophiques avec le temps, alors oui, il est pas mal)

Matthieu a dit…

Oui, c'est le principe "de base". Cette replication est affectée par les stress exterieurs (entre autres), et cela constitue le mecanisme "classique" de vieillissement. Sans remettre en cause ce principe majoritaire, il semblerait que d'autres mécanismes puissent aussi exister.

Anonyme a dit…

bon article
bonne continuation
Jean Paternin

Anonyme a dit…

Il y a des espèces dans le monde du vivant qui ne vieillissent pas, dans les végétaux. On trouve ainsi des forêts entières de certains arbre qui partagent leur racines, et leur génômes (il y a deci dela quelqes mutations, mais contrairement aux animaux, les végétaux supporte très bien la présence de variations génétique à l'interieur d'une même plante). Dans ces conditions, ou la repoduction sexuée n'est pas necessaire pour pouvoir evoluer, la mort ne l'est pas non plus. Je pense que la mort des individus est pour les animaux, necessaire à la survie de l'espèce, et non pas un fait inévitable de toute forme de vie.