Le billet du jour est inspiré d'une anecdote lue sur le blog de Cecilia, une des héroïnes du tellement geek PHD Comics.
En passant le poste de sécurité d'un aéroport américain, elle s'est fait confisquer du savon, au pretexte que celui-ci pourrait fondre et donc tomber sous le coup de l'interdiction des liquides.
Au-delà de l'idiotie de la mesure, elle pose l'intéressante question (que je me suis déjà posée un certain nombre de fois) de ce qui arriverait si un scientifique pointilleux était affecté à une telle surveillance. Il deviendrait fou, je crois : la diversité des matériaux se moque bien des dénominations (gels, liquides, ...) dans lesquels on voudrait les faire entrer !
Vous savez que j'aime beaucoup ce sujet. La personne qui a rédigé les consignes de sécurité post-attentats déjoués de Londres souhaite interdire les liquides, gels et aérosols. Très bien. Mais la réalité est plus compliquée bien entendu (d'autant que la mise en application de ces règles est très variée, certains aéroports confisquant tout de l'eau au chocolat, d'autres étant plus raisonnables... passons).
Un liquide est principalement défini par sa façon de s'écouler : en rhéologie, on dit qu'un liquide se déforme de façon irréversible au moindre stress qu'il subit. Un gel, par contre, n'est pas défini par sa façon de se déformer (il se déforme de façon élastique, comme beaucoup d'autres solides), mais par sa structure physique : il s'agit de poches de liquide (ou d'air) piégées par un réseau solide continu. Un aérosol se défini lui aussi physiquement : il s'agit d'une suspension de particules, solides ou liquides, dans l'air.
Le fait de définir les objets interdits de façon différente pose des problèmes.
Qu'en est-il des pâtes et autres fluides à seuil, qui sont solides en dessous d'un certain niveau de contrainte, et fluides au-dessus ? Le dentifrice est interdit, les déodorants en stick sont autorisés, mais rien ne les sépare nettement. Le seul critère qui s'applique est l'appréciation du directeur de la sécurité de l'aéroport sur le seuil de contraintes...
Les polymères et autres plastiques offrent un autre exemple amusant. J'ai déjà parlé du Silly Putty : si l'on attend quelques minutes, cette substance qui répond au doux nom de poly(dimethyl siloxane), s'écoule comme un fluide un peu visqueux. Mais si l'on en forme une boule, elle rebondira plus haut qu'une balle de caoutchouc ! J'aimerais voir la tête du douanier devant cette situation.
Continuons avec les aérosols. Comme il est impossible de transporter un nuage avec soi, ce qui est interdit est évident ce que le mot habituel d'aérosol recouvre, c'est-à-dire une petite bonbonne avec un liquide sous pression, dont la température d'ébullition est juste inférieure à la température ambiante. Dans ce cas, ce qui est interdit, c'est la possibilité de réaliser le nuage. Mais qu'en est-il des poudres, qui, certes solides, sont tout aussi bien capables de créer un aérosol ? Soufflez simplement sur de la farine pour comprendre ce que je veux dire...
Finissons sur les gels. Le mot est utilisé à tort pour certains liquides visqueux, alors qu'un gel se définit quand le réseau solide (polymères, particules d'argiles, ou autre) s'étend d'un bout à l'autre du fluide, lui donnant des propriétés de solide. Certes mou, mais solide. La confusion ne prête pas à conséquence entre gel et liquides visqueux, puisque les deux catégories sont interdites. Mais entre un gel très dense et un caoutchouc un peu mou, il n'y a aucune autre façon de trancher que de le mettre à sécher pour voir si du liquide s'évapore.
J'ai bien conscience que tout cela est un peu geek et n'a pas de conséquences pratiques, puisque vous n'allez pas vous connecter sur ce blog pour argumenter avec un agent de sécurité la prochaine fois que vous essayerez de faire passer de la Silly Putty en douce. Mais on s'occupe comme on peut dans les aéroports...
A part ça, je suis très pris en ce moment, je pense que ça s'est vu dans la fréquence de publication. Je m'en excuse, et j'espère rester dans vos lecteurs RSS. J'essaie de trouver du temps pour lire la Conscience Expliquée de Daniel Denett, j'espère en faire un commentaire d'ici quelques temps, peut-être en plusieurs parties comme pour le Gène Egoiste (1, 2, 3, 4).
Au-delà de l'idiotie de la mesure, elle pose l'intéressante question (que je me suis déjà posée un certain nombre de fois) de ce qui arriverait si un scientifique pointilleux était affecté à une telle surveillance. Il deviendrait fou, je crois : la diversité des matériaux se moque bien des dénominations (gels, liquides, ...) dans lesquels on voudrait les faire entrer !
Vous savez que j'aime beaucoup ce sujet. La personne qui a rédigé les consignes de sécurité post-attentats déjoués de Londres souhaite interdire les liquides, gels et aérosols. Très bien. Mais la réalité est plus compliquée bien entendu (d'autant que la mise en application de ces règles est très variée, certains aéroports confisquant tout de l'eau au chocolat, d'autres étant plus raisonnables... passons).
Un liquide est principalement défini par sa façon de s'écouler : en rhéologie, on dit qu'un liquide se déforme de façon irréversible au moindre stress qu'il subit. Un gel, par contre, n'est pas défini par sa façon de se déformer (il se déforme de façon élastique, comme beaucoup d'autres solides), mais par sa structure physique : il s'agit de poches de liquide (ou d'air) piégées par un réseau solide continu. Un aérosol se défini lui aussi physiquement : il s'agit d'une suspension de particules, solides ou liquides, dans l'air.
Le fait de définir les objets interdits de façon différente pose des problèmes.
Qu'en est-il des pâtes et autres fluides à seuil, qui sont solides en dessous d'un certain niveau de contrainte, et fluides au-dessus ? Le dentifrice est interdit, les déodorants en stick sont autorisés, mais rien ne les sépare nettement. Le seul critère qui s'applique est l'appréciation du directeur de la sécurité de l'aéroport sur le seuil de contraintes...
Les polymères et autres plastiques offrent un autre exemple amusant. J'ai déjà parlé du Silly Putty : si l'on attend quelques minutes, cette substance qui répond au doux nom de poly(dimethyl siloxane), s'écoule comme un fluide un peu visqueux. Mais si l'on en forme une boule, elle rebondira plus haut qu'une balle de caoutchouc ! J'aimerais voir la tête du douanier devant cette situation.
Continuons avec les aérosols. Comme il est impossible de transporter un nuage avec soi, ce qui est interdit est évident ce que le mot habituel d'aérosol recouvre, c'est-à-dire une petite bonbonne avec un liquide sous pression, dont la température d'ébullition est juste inférieure à la température ambiante. Dans ce cas, ce qui est interdit, c'est la possibilité de réaliser le nuage. Mais qu'en est-il des poudres, qui, certes solides, sont tout aussi bien capables de créer un aérosol ? Soufflez simplement sur de la farine pour comprendre ce que je veux dire...
Finissons sur les gels. Le mot est utilisé à tort pour certains liquides visqueux, alors qu'un gel se définit quand le réseau solide (polymères, particules d'argiles, ou autre) s'étend d'un bout à l'autre du fluide, lui donnant des propriétés de solide. Certes mou, mais solide. La confusion ne prête pas à conséquence entre gel et liquides visqueux, puisque les deux catégories sont interdites. Mais entre un gel très dense et un caoutchouc un peu mou, il n'y a aucune autre façon de trancher que de le mettre à sécher pour voir si du liquide s'évapore.
J'ai bien conscience que tout cela est un peu geek et n'a pas de conséquences pratiques, puisque vous n'allez pas vous connecter sur ce blog pour argumenter avec un agent de sécurité la prochaine fois que vous essayerez de faire passer de la Silly Putty en douce. Mais on s'occupe comme on peut dans les aéroports...
A part ça, je suis très pris en ce moment, je pense que ça s'est vu dans la fréquence de publication. Je m'en excuse, et j'espère rester dans vos lecteurs RSS. J'essaie de trouver du temps pour lire la Conscience Expliquée de Daniel Denett, j'espère en faire un commentaire d'ici quelques temps, peut-être en plusieurs parties comme pour le Gène Egoiste (1, 2, 3, 4).
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