Penseur

dimanche, mai 20, 2007

Le téléphone portable est bon pour la santé !

Et je le prouve en image (Via Loïque Jemeur, puis Loïc Lemeur). L'espérance de vie est liée à la percée des téléphones dans la population selon une loi logarithmique plutôt bien corrélée. Vous pouvez jouer avec ces statistiques sur cet outil facile d'accès (très google-touch).


Rappelons-nous tout le mal que disaient Mark Twain et Winston Churchill à propos des statistiques. En suivant la flegmatique sagesse britannique, interrogeons-nous. Cette relation entre espérance de vie et proportion d'usagers du téléphone est-elle une relation de cause à effet ? Certainement pas, bien entendu. Il doit y avoir une "variable cachée", qui agit sur ces deux variables à la fois. Il s'agit certainement du niveau de vie ou du revenu par habitant, qui améliore l'espérance de vie tout en augmentant les chances de posséder un téléphone.

La question des variables cachées n'est pas anodine. Outre l'exploitation parfois exagérée de type de corrélation artificielle par les politiciens, le sujet a aussi sont importance en physique quantique. Einstein, par exemple, était un peu dubitatif sur la question de hasard et de probabilité, intrisèque à la physique quantique. Il pensait que cette incertitude ne réflétait que notre connaissance limitée, et qu'il devait exister des "variables cachées", dans une théorie d'ordre supérieur, qui permettrait de faire des prédictions absolues. Ces variables cachées permettraient de comprendre le paradoxe EPR et l'intrication quantique, dont nous avons parlé à propos de l'ordinateur quantique, entre autres.

Cette idée a été mise en musique par John Bell, pour mener aux célèbres inégalités qui portent son nom. L'idée est la suivante : s'il existe une théorie "supérieure" qui permet de prédire les résultats de la physique quantique, alors un certain nombre de relations statistiques doivent être observées, qui diffèrent du hasard pur. La beauté de sa théorie, relativement simple, est de donner un outil pour trancher le débat sur l'existence de ces variables cachées, sans même les connaître !

La mise en place d'un test pratique, qui élimine les biais expérimentaux, n'a pas été simple. C'est l'expérience d'Alain Aspect (et ses raffinements successifs) qui apportera la preuve que les inégalités de Bell ne sont pas respectées. Il s'agit donc d'une preuve expérimentale que Dieu joue bien aux dés !

3 commentaires:

Tom Roud a dit…

Un truc assez rigolo est de voir que la nature des lois de corrélation : par exemple, l'usage d'internet ou les émissions de CO2 sont de jolies lois de puissance...

Tom Roud a dit…

Sinon, un truc sur ces histoires de statistiques : je suis toujours frappé par le manque de recul sur les performances relatives des pays. Singapour ou la Chine partaient de loin, rien d'étonnant à ce qu'ils aient eu des taux de croissance mirifique par le passé, mais une fois développés, la richesse "sature"; c'est bien normal et n'a rien à voir avec une quelconque organisation sociale. Par ailleurs, on voit clairement sur l'évolution que tous les pays occidentaux restent groupés au niveau du PNB sur 30 ans et grimpent à peu près à la même vitesse.

Anonyme a dit…

Interesting to know.