Penseur

vendredi, décembre 15, 2006

Mieux vaut être REACH et bien portant, que riche et malade

Mine de rien, mon mauvais jeu de mots résume le vote des députés européens sur la directive REACH, le 13 décembre dernier. REACH est l’acronyme pour Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals - enregistrement, évaluation, autorisation et restrictions relatifs aux des substances chimiques. Pour faire simple et rapide, la directive est un tournant en matière de protection sanitaire, puisqu’elle oblige les industriels à enregistrer leurs produits auprès d’une nouvelle agence de l’Union Européenne, et à apporter la preuve de leur innocuité. C’est ce renversement de la charge de la preuve (auparavant, il fallait prouver qu’une substance était dangereuse pour qu’elle soit interdite) qui est la modification la plus notable.

La directive est critiquée par les écologistes, qui reprochent l’abandon d’un grand nombre de produits du champ d’application de REACH sous l’influence des lobbys industriels. Elle est aussi critiquée par les industriels, qui l’accusent d’être une grosse machinerie inapplicable, coûteuse, et qui va surtout poser d’énormes problèmes aux PME. Ne maîtrisant pas toutes les subtilités du sujet, mon avis personnel est qu’il s’agit, comme beaucoup de choses avec l’UE, d’un bon compromis qui va dans une bonne direction. Il est probable que l’application en soit plutôt difficile et confuse, surtout au début, mais que la protection des consommateurs en soit in fine améliorée.

Je n’ai pas grand-chose de plus à dire sur le sujet. Je ne pensais pas, à vrai dire, écrire quelque chose sur le sujet, mais je voulais juste vous indiquer, chers lecteurs, que Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles de Libération, a replacé de façon très intéressante cette directive dans la perspective de la construction européenne, que l’on dit trop souvent être trop éloignée des citoyens, voire inutile. Il est bon de rappeler qu’aucun pays, aussi puissant soit-il, n’aurait pu imposer cette directive seul, tant ses industries auraient été pénalisées. Ici, l’Union permet d’avoir toutes les industries d’une zone soumise aux mêmes règlements, et, espérons-le, suffisamment de poids économique pour peser sur le reste du monde.

Quand nous avons parlé, sur ce blog, des dangers potentiels des nouvelles technologies, il me semble qu’aussi bien moi que mes aimables commentateurs/contradicteurs n’ont pas mis l’accent sur un point important, le suivi et le contrôle. La traçabilité et les études épidémiologiques sont aussi nécessaires pour les nouvelles technologies que pour la chimie et les autres industries « traditionnelles ». De ce point de vue, il n’y a pas de raison d’avoir peur a priori des technologies émergentes, mais il faut exiger au moins autant de suivi, d’études et de contrôles que pour les produits actuels potentiellement dangereux.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un dossier REACH à la Doc Française.