Je ne sais pas si un tel inquisiteur existe, ou s’il est juste un produit de mon imagination. Mais en tout cas, qu’il se détrompe : je ne prétends avoir aucune compétence particulière sur les sujets de mes billets. Je dis cela sans fausse modestie, et je tiens tout particulièrement à en avertir aussi le lecteur moins compétent sur les sujets dont je parle que l’inquisiteur.
Pour tout vous avouer, j’ai été un peu déstabilisé après avoir visité le blog de Tom Roud, qui m’avait été indiqué en commentaires de quelques billets sur Darwin et l’évolution. Ce sujet m’intéresse beaucoup, mais je n’ai tout de même aucune autre connaissance sur le sujet que ce que j’ai pu lire dans des livres ou sur internet, alors qu’il travaille dessus. Ses billets sont bien plus détaillés que les miens, avec des exemples bien plus précis. Quelle légitimité ais-je donc pour en parler, alors que je suis loin d’être aussi qualifié que lui ? Et, d’une façon générale, dois-je me limiter aux sujets pour lesquels j’ai une certaine compétence ?
J’ai tourné cette question dans ma tête un certain temps. La plupart du temps, j’écris sur des sujets ayant attiré mon attention sur internet ou dans un journal scientifique, et je n’ai pas de connaissances particulières dans le domaine en question. Je profite certes du « background » scientifique que j’ai la chance d’avoir acquis lors de mes études, mais je passe néanmoins un certain temps sur wikipédia ou google pour trouver des informations et des explications, ne serait-ce pour ne pas raconter trop de bêtises ! Dès lors, ce que je m’efforce d’apporter à mes lecteurs, ce ne sont pas mes connaissances, mais un certain « decryptage » des notions scientifiques en jeu. Et, surtout, j’essaie de transmettre mon intérêt pour la science et le plaisir que je prends à découvrir de nouveaux sujets.
Ce billet est donc un disclaimer, pour qu’il n’y ait pas de malentendu : je ne suis pas un expert. Sur les sujets qui m’intéressent, comme sur les débats qui agitent la société comme les OGM ou les nanotechnologies, je me renseigne, je cherche des informations et des avis, je construis ma culture et mon avis. Et je le donne.
La blogosphère scientifique française est suffisamment petite[1] pour qu’il y ait encore beaucoup (trop) de place pour des avis, peut-être pas si éclairés que ça, mais qui tentent de l’être. Et surtout, j’ai l’impression que la science disparaît de la sphère publique, au profit de la politique[2]. Même les débats ayant un fond scientifique, ceux dont j’ai parlé plus haut, sont traités sous un angle essentiellement politique : pour parodier, c’est le combat des citoyens contre les entreprises multinationales américaines (sic). La rationalité scientifique est souvent mise de côté.
De façon plus générale, l’intérêt pour les sciences s’efface devant les combats sociaux, devant le relativisme antiscientifique, et devant le fondamentalisme religieux. C’est peut-être vain de vouloir lutter contre ces évolutions, mais je ne veux pas que la paresse ou la pudeur mal placée m’empêche d’essayer. C’est pourquoi je continuerai mes billets de dilettante.
1 commentaire:
je rougis beaucoup devant ton billet, mais de mon côté, je partage et comprends tout à fait tes sentiments, à savoir :
- je ne pense pas être un "expert" du domaine. Même si j'ai ma propre recherche qui a des rapports avec ce dont je parle dans mon blog, la plupart du temps, je parle d'autres choses, donc je peux faire des erreurs, des approximations. Et puis, je suis physicien, je connais forcément moins bien que les biologistes; moi aussi je sens parfois le regard du grand inquisiteur...
- je suis bien d'accord que le but essentiel est de partager son intérêt pour la science, de parler de choses qui nous plaisent, qui nous enthousiasment, sans prétention
- je pense enfin d'un point de vue général que pour le spécialiste, le regard de quelqu'un d'intéressé peut-être source de richesses, donner des idées, apporter une certaine fraîcheur qu'on n'a pas lorsque l'on a le nez dans le guidon.
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