Penseur

mercredi, octobre 11, 2006

Une courte réflexion sur l’évolution




Tout à l’heure m’est venu une idée sur la théorie de l’évolution, dont je souhaitais parler avec vous.



Remarque préalable : ce post n’est pas là pour discuter de la validité ou non de la théorie de l’évolution. Je n’ai pas envie de me lancer dans un enième combat contre les créationnistes. Ce type de sujet peut vite déraper, alors je vous demande, si vous intervenez en commentaires, de vous attacher aux idées développées ici.

L’évolution des espèces et de leurs facultés, telle que nous la comprenons, suppose une amélioration progressive des facultés, via des mutations aléatoires. En simplifiant grossièrement, l’organe crée la fonction : il me pousse un œil, je vois, il me pousse des ailes, je vole. En simplifiant un peu moins, il s’agit en fait de mutations, qui peuvent être handicapantes, neutres ou bénéfiques.

- Les mutations handicapantes, voire létales, sont immédiatement éliminés de la compétition des gènes.

- Les mutations directement utiles sont les plus rares.

- Reste le cas des mutations neutres sur le moment : leur utilité, ou leur handicap, se révèle lors des périodes de stress. Ces mutations, les plus nombreuses, permettent l’accumulation progressive de caractères non-handicapants, qui sont tout d’un coup sélectionnés lors d’un changement dans l’environnement.

Ce mécanisme permet d’expliquer la formation des organes les plus complexes. Il permet de répondre à l’argument habituel des créationnistes[1] « la quantité de mutations positives pour former un organe complexe est très grande, donc la probabilité pour que cela ait été fait sans l’intervention d’un Dessin Intelligent est trop faible ». L’œil est souvent cité en exemple. La formation de la rétine, passe encore, elle a une utilité directe, mais la cornée et le cristallin sont inutiles l’un sans l’autre, donc ils ont dû apparaître ensemble, ce qui est statistiquement impossible. L’explication est que dès la première cellule photosensible, et à chaque mutation gagnante, l’avantage évolutionniste est énorme, j’en ai la preuve tous les matins quand je ne trouve pas mes lunettes. Ensuite, toutes les modifications qui ne réduisent pas la qualité de la vision s’ajoutent – jusqu’à trouver la combinaison gagnante cornée-cristallin-rétine, par exemple. Toutes les modifications ne sont donc pas arrivées en même temps, ce qui les rend possibles.

Après ce rappel très bref et sûrement trop simpliste, j’en viens à mon interrogation. Se pourrait-il qu’il y ait des états impossibles à atteindre, tous les chemins y conduisant passant par des mutations handicapantes ? Trouver des exemples est difficile, car, justement, il s’agirait de certaines combinaisons dans la Grande Bibliothèque des Mutations n’ayant jamais été formées. Un trou noir dans la carte génétique, un répulseur[2] dans le système chaotique des mutations.

Si l’on dit que la Nature ne revient jamais en arrière, alors l’ensemble de ces états impossibles inclut déjà tous ceux qui nient les fondements de la vie telle qu’elle s’est organisée sur la Terre. J’en imagine quelques-uns : des animaux procaryotes, des tissus faits de cellules sans barrière lipidique, comme une vaste soupe d’enzymes et autres protéines, ou encore un code génétique porté sur d’autres molécules que l’ADN (l’ADN qui code sa propre extinction ? Ca ne me ferait pas trop de mal de relire Dawkins, je pense, et ça pourrait me donner l’idée d’un billet).

Pour aller plus loin, peut-on imaginer un organe, ou un mécanisme biologique, dont la création aurait obligatoirement nécessité de passer par des états létaux ? Ou, dans une version moins contraignante, par des désavantages concurrentiels ? Dans ce deuxième cas, la formation de l’organe aurait pu se faire en temps court, avec un grand nombre de mutations correspondantes (mais défavorables) rapprochées. Presque une meilleure preuve de l’intervention divine que tous les délires créationnistes !

Il ne reste qu’à faire travailler l’imagination. Allez, je me lance : il n’y a pas de mammifères à six pattes, car cela nécessiterait le passage par un état à 5 pattes, instable.

Je vois au moins deux objections à cette proposition. Et vous, qu’en pensez-vous, avez-vous des idées ?

Voilà, ceci était une démonstration que toutes les idées bizarres et farfelues qui nous passent dans la tête ne sont pas destinées à être publiées sur un blog :-)



[1] Zut, je m’étais juré de ne pas parler des créationnistes.

[2] L’opposé d’un attracteur. Je ne sais pas s’il y a un terme défini : je veux dire ici un état de probabilité nulle, ou très instable, en fonction du système considéré.

2 commentaires:

Laurent GUERBY a dit…

Une liste d'articles intéressants sur le sujet
ici, en particulier celui la me parait pertinent.

Pour les pattes, je ne suis pas sur que plus soit un avantage au départ d'en avoir plus que quatre :). Ensuite un gène doit pouvoir commander une paire (je n'y connais rien :).

Matthieu a dit…

Un site très bien documenté pour avoir des munitions dans les débats contre les créationnistes, mais ce n'est pas précisement mon propos.

L'objection de la symétrie est valable : je crois me souvenir qu'il y a des mécanismes pilotant la croissance symétrique de certains organes, ce n'est pas juste "gène de la jambe droite" ou "gène de la jambe gauche".

Par contre pour l'utilité, on peut imaginer que pour les singes, avoir 6 membres plutot que 4 pourrait etre utile ?

Bon, c'était juste une idée en l'air, un exercice de style :-)