La recherche dans ce domaine est promise à un bel avenir. En effet, dans cet univers très concurrentiel, et sur un marché aussi important, la moindre avancée décisive prend une importance capitale. La firme qui met sur le marché un produit un peu meilleur que ses concurrents va immédiatement s’arroger des parts de marché énormes, pour plusieurs raisons. Le surcoût d’un produit plus efficace n’est souvent pas vu par le médecin ou son patient, grâce aux organismes d’assurance médicale. Les coûts non-financiers, comme la lourdeur d’un traitement, il n’est pas non plus un obstacle, car qui ne ferait pas un petit effort pour sa santé ? Ce raisonnement est illustré par une anecdote impressionnante, que je n’ai pas pu vérifier. Une entreprise a développé une nouvelle protéine destinée à attirer un peu mieux que ses concurrentes les cellules osseuses à la surface des implants (détails), par exemple des implants de hanche. Le jour de la mise sur le marché, l’entreprise a vendu pour un million de dollars de ce produit. Les disciplines connectées au monde médical, chimie, et surtout biologie et bioengineering, font partie des voies les plus prometteuses, en terme de débouchés, pour un étudiant. La recherche médicale est particulièrement attractive, pour plusieurs raisons. Dans ce contexte, la différence d’organisation des systèmes de recherche universitaire aux USA et en France saute aux yeux. Les départements américains sont interdisciplinaires, et organisés par thèmes de recherche : bio-engineering, chemical engineering (qui n’a rien à voire avec la chimie, by the way), micro and nano technology, polymer science, health and medical devices engineering, etc… En France, ils sont organisés par matières : chimie, biologie, physique, mécanique. Les barrières sont rigides, et la communication passe mal. Que d’interactions pourrait-on développer avec des programmes plus interdisciplinaires ! Les chimistes ont tout intérêt à écouter les physiciens, qui devraient parler aux mathématiciens, qui pourraient trouver leur inspiration dans les travaux des biologues, qui ont tout à apprendre des chimistes… Dans les universités américaines, cette position est revendiquée, assumée, et produit d’excellents résultats. En France, l’exception qui confirme la règle est l’ESPCI (en fait, cette école est une exception à presque toutes les règles de l’enseignement supérieur français). Qu’en pensez-vous ? Avez-vous une opinion différente, des contre-exemples ?
Avec le vieillissement régulier de la population des pays occidentaux, les soins médicaux prennent une part de plus en plus importante dans l’économie. A l’accroissement du besoin en soins médicaux, qui augmente avec la proportion de personnes âgées, s’ajoute le mythe, de plus en plus présent, de l’Homme rendu immortel par les progrès de la médecine. L’Homme réparable est un fantasme qui suscite encore plus d’envie de médicalisation : il est insupportable de boiter, d’avoir des rhumatismes. Ce n’est pas une critique : moi-même, j’ai souvent mal au dos, et je déteste ça. Si je connaissais un traitement adapté, et si je voyais d’autres personnes en bénéficier, je mettrai probablement la main à la poche pour supprimer la douleur. Cependant, peut-être cela serait-il au-dessus de mes moyens. Par contre, comme il se trouve les économies ont tendances à s’accumuler avec le temps, les personnes âgées combinent le désir, le besoin et la possibilité d’utiliser des soins couteux. Voilà pourquoi les dépenses de santé, qui représentaient en 2000, en France, 100 milliards d’euros, soit 6,8% du PIB, devraient voir leur part grimper à 8ou 9% du PIB à l’horizon 2010.
dimanche, octobre 01, 2006
Recherche médicale et interdisciplinarité
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