Penseur

samedi, octobre 07, 2006

Le revers de la médaille

Je suis loin, très loin, d'être le dernier à vouloir réformer la façon dont est organisée la recherche en France.

Chercher à lier industrie et labo publics est une bonne chose. Pousser les uns à faire faire leur recherche par des thésards est bon pour la science en général. Pousser les autres à s'activer un peu pour trouver des financements privés, chercher des applications possibles aux avancées fondamentales, et arrêter de voir la recherche pour l'industrie comme une trahison intellectuelle, ne serait pas un mal non plus.


Mais, comme toujours, il faut se méfier de voir l'herbe dans le champ du voisin plus verte qu'elle ne l'est en réalité. La fermeture de labos peu rentables, véritable épouvantail agité par les chercheurs français, est un phénomène réel, même si rare. Le danger de se désinteresser de la recherche non-rentable (typiquement, physique des particules, mathématiques, archéologie, la liste est longue) est bien présent dans un système financé par les entreprises plutôt que par l'Etat.

Cependant, des systèmes "hybrides" peuvent être la bonne solution. Au MIT, un certain pourcentage des contrats dans les départements "riches", comme Chemical engineering ou Materials Science, est toujours affecté aux départements moins bien lotis, y compris les humanités. Autre exemple, en France, à côté du CNRS, qui finance les postes, on trouve l'Agence Nationale pour la Recherche, qui finance les projets.

Cela me semble aller dans la bonne voie, qu'en pensez-vous ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce système hybride, que je découvre en lisant ce billet, me plaît pas mal. Je suis dans un labo plutôt très bien loti, et donner 10% des contrats à un pool d'universités de la région (IdF en l'occurrence) me semble à la fois jouable et utile. Le problème de mon labo n'est pas le financement des projets, mais le recrutement.
Sinon, la question de la couleur de l'herbe du champ du voisin est plus intéressante qu'elle en a l'air a priori. Simple question sur le sujet (je n'ai pas la prétention de commencer à y répondre): quand on s'oriente vers 90% des prix Nobel attribués à la recherche d'un seul pays qui lui-même ne représente pourtant pas 90% des dépenses de recherche de la planète, quel critère prendre? Prix? publis? brevets? startup créées? employés? thésards? chercheurs/milliers d'hab? part du PIB?

Matthieu a dit…

Heureux lecteur, si votre labo n'a pas de problème de financement.

Dans presque tout les critères que vous citez, les USA sont premier, et cela tire leur économie. Les politiques français, droite et gauche, commencent seulement à intégrer cette idée. Mon avis est que l'herbe est plus verte aux USA, mais mon propos est de dire que tout n'est pas transposable à la société française, et qu'il faut trouver nos propres solutions.

PS : bienvenu sur ce blog !

Anonyme a dit…

En effet, l'herbe est verte fluo, côté USA. Mais en Europe, c'est plus flou. Même si la France n'est certainement pas devant le Royaume-Uni, par ex.

(pour le PS: je suis venu grâce à votre commentaire chez Versac, c'est donc grâce à Econoclaste :-D )